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Des statistiques fiables pour l’atteinte de la “scolarisation universelle” en Haiti

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Selon le Plan Décennal d’Education et de Formation (2020-2030), tous les enfants de la tranche d’âge (6-11 ans) doivent avoir une place assise à l’école de façon gratuite et obligatoire. Et d’ailleurs, quels que soient le genre, le handicap et la couche sociale de l’apprenant. Cet output est en congruence avec l’ODD4 de la feuille de route, issue du Congrès de New-York de 2015 et du cadre d’action de Dakar de l’UNESCO.

Le droit à l’éducation !

Aussi ce droit s’inscrit-il en ligne droite des efforts nationaux pour accroitre l’accès de tous les enfants a un enseignement de qualité. Ce dernier est consacré dans l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen du 10 Décembre 1948 et de la Constitution haïtienne de 1987 dans son article 31.1 mettant l’accent sur la gratuité   de l’enseignement de base ainsi que d’autres instruments internationaux auxquels a adhéré Haïti comme la Convention relative aux droits de l’enfant.

Quid de la Scolarisation universelle ?

C’est une expression utilisée dans les assises internationales correspondant au cycle primaire où   tous les enfants en âge d’admission  devraient être   à l’école. Le taux net de scolarisation ou la population scolarisée est donc un indicateur plus fiable pour suivre les progrès  vers cet objectif.

Une offre publique   de 25%  face à la demande des parents d’élève !

* Le diagnostic du système éducatif révèle que 25% d’enfants sont scolarisés dans le Public au niveau de l’enseignement de base soit 624.105 élèves des écoles  nationales qui sont des heureux bénéficiaires de la gratuité.  Le Ministère de l’éducation compte passer de 25% de  l’année  de base To de la Planification (2020)  à 90% à l’horizon temporel 2030.

Vers  un  meilleur rendement interne !

Quant aux enseignants de l’école de base, le taux  de qualification s’estime  à environ 35%. Nous voulions passer à quelques 70% à  un horizon pas trop lointain. Grace à des mesures compensatoires comme la passation automatique et l’évaluation formative, le système éducatif connaitra une meilleure efficacité interne pour ainsi dire la cohorte scolaire entrant en 1ere année  d’études  ne peinera pas pour atteindre le taux d’achèvement comme la dernière classe ou la 6eme année, comme taux de survie.

Pas de zones  de non-droit comme Martissant.

Tenant compte des tensions sociales et de la pauvreté abjecte, la seule planche de salut du pays, c’est d’investir davantage dans l’éducation par un choix judicieux à  faire dans le cadre de l’analyse cout-bénéfice. Pour que plus tard c’est-à-dire dans 10, 15 ans, en raison des politiques publiques de  scolarisation,  nous n’ayons pas comme aujourd’hui  des  zones criminogènes  comme Martissant, Village de Dieu et une partie de la  Croix-des-bouquets voire une insécurité grandissante comme phénomène social marqué  par des cas de kidnapping et d’assassinat crapuleux.

Les ressources publiques au profit de l’offre scolaire.

Le Trésor Public doit prendre en charge la question de l’accès  des enfants à l’école avec une politique malthusienne visant la réduction des naissances  ainsi que la question de carte scolaire avec son principe cardinal « pas de demande potentielle d’éducation, pas d’implantation d’école ». Tout en pensant à des solutions à géométrie variable.

2% sur la masse salariale au profit de la scolarisation

Les planificateurs de l’éducation doivent cibler  d’autres sources de financement en proposant de prélever un quantum de taxes sur l’alcool, la cigarette et le voyage d’agrément. Aussi peut-on  penser à un droit de péage sur les nouvelles routes. Et  sur la masse  salariale de l’administration, 2% est à déduire. Sur le secteur porteur comme la téléphonie, les pouvoirs publics peuvent repenser les contrats originels de type léonin au profit de l’éducation.

Les divers  dons de l’accord bi et multilatéral seront mobilisés vers l’autre composante de la scolarisation universelle qu’est la qualification des maitres. Et que l’Etat maintienne la même  part allouée du budget vers la qualité en raison du cadre probabiliste  de l’aide externe.

« Accessorium principale suit » : l’accessoire suit le principal.

La gouvernance en tant qu’élément   de transversalité  regroupant le cadre légal, la base de données et le monitoring est reléguée au second plan en termes de financement. Puisqu’elle est perçue comme un accessoire. Il y a une vielle expression latine, utilisée  dans le domaine juridique,  qui dit : « accessorium principale suit », l’accessoire suit le principal. De même que le Système d’Information pour la Gestion de l’Education (SIGE)  suit le plan décennal d’éducation. Et la gouvernance suit l’accès.

Des bonnes pratiques.

Tout ceci requiert un dénouement heureux  à la crise, perçue comme un irritant a toute forme de bonnes pratiques. En ce sens, que l’Exécutif exécute tout en respectant le temps électoral pour ainsi dire en organisant des élections a temps, que le Parlement parlemente en votant des lois d’intérêt public, que le Judiciaire rende la justice dans un esprit d’équité, pas d’instrumentalisation  et que les Forces de l’ordre mettent de l’ordre dans la ville en traquant les bandits armés  ainsi que l’Administration administre en se démarquant des opérations marginales pour parler de la corruption ayant décrédibilisé les institutions haïtiennes aux yeux de l’étranger.

Des problèmes à résoudre par le Gouvernement.

Dans la même veine, je me permets de faire mienne la pensée de l’écrivain franco-russe, l’approche est systémique puisque les phénomènes sont globaux totaux. Si on veut développer l’éducation au point de vue quantitatif et qualitatif, il faut s’inspirer non seulement des modèles de systèmes efficaces d’éducation suivant le PISA* comme la Finlande, le Japon, le Canada et la Taiwan. Mais aussi des stratégies  de l’amélioration de la qualité de vie de la population tout en décelant   cinq (5) problèmes à  résoudre de façon gradualiste savoir : les problèmes de l’alimentation, de l’hébergement, de la gratuité  de l’enseignement, de la santé  ainsi que celui de la modernisation du transport en commun.

En guise de conclusion

Somme toute, l’atteinte de la scolarisation universelle aura des retombées notables sur le plan politique, social et économique du pays. Et en clair, la diminution des tensions sociales et la réduction de la pauvreté  des familles dans les grandes villes. En regard des programmes-projets du plan décennal, l’Etat central en lien doit  augmenter la part du PIB  allouée  à l’éducation et créer un climat stable pour la modernité  et la croissance.

*PISA : programme International de l’Evaluation des Acquis.

– Enquête scolaire du MENFP (2015-2016), Projection 19-20.

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Prof. Yves ROBLIN,

Diplômé  de l’Institut International de Planification de l’Education de Paris (IIPE-UNESCO)

Ecole Normale Supérieure, Université d’Etat d’Haïti (UEH)

Auteur : «  Les outils de planification du système d’éducation en Haïti ».

Mail: roblinyves@yahoo.fr

 

Author

  • Professeur d’universités | Spécialiste en planification de l’éducation | Ex-boursier de l’État Haitien à l’UNESCO-Paris | Auteur du livre : Les grands axes en matière d’éducation en Haïti | Mail: roblinyves@yahoo.fr

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