Par : Carlevens MINGOT
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Le concept « jeunesse » n’a pas une définition figée. La jeunesse n’est qu’un mot comme nous le définit Pierre Bourdieu. Elle dépend du regard que nous lui portons, de comment nous l’appréhendons entant qu’acteurs et\ou groupes sociaux. Ce concept mute sous l’influence des critères mis en place par la société, ainsi nous parlons d’âge biologique et d’âge social. Il est toutefois important de noter que l’âge social prédomine sur l’âge biologique. Qu’être jeune ou vieux dépend essentiellement de la réalisation de soi face aux modèles préétablis.
Qui est jeune en Haïti?
A l’église, il est fréquent de voir les acteurs ranger catégoriquement tous les célibataires dans la classe des jeunes, et les mariés dans la classe des adultes quel que soit l’âge. Un éternel célibataire hériterait socialement d’une jeunesse éternelle pendant que son frère, 20 ans, marié, est déjà un adulte.
Si l’église considère le mariage comme l’étape fondamentale pour passer à l’âge adulte; dans la famille, l’émancipation par rapport aux parents est une démarche clé pour s’affirmer entant que tel. Plus tard, une insertion professionnelle confirmera ce nouveau statut si difficilement accessible en Haïti.
Alors qu’il existe une catégorie sans avoir fait des études qui se prennent en charge avec les moyens du bord. Les jeunes sont généralement perçus comme ceux qui étudient, ceux qui sont inscrits dans un parcours de formation professionnelle ou universitaire. Néanmoins les difficultés d’insertion professionnelle influent sur la durée de ces études et les prolongent pendant que d’autres soucis économiques ou conjoncturels tendent à les limiter, les annihiler ou les retarder.
Beaucoup sont démotivés par la conjoncture, et diffèrent leur inscription chaque année pour l’année suivante espérant une soudaine atmosphère de sécurité nonobstant l’aggravation progressive de la situation. D’autres décrochent, volontairement ou involontairement, symptomatiques de l’instabilité du pays.
On assiste alors à un groupe innombrable, le plus souvent marginalisé, forcé d’être adulte aux plus bas âges, à cause de la banqueroute des gouvernements et un autre groupe forcé de rester jeunes, esclaves du système, ne pouvant se prendre en charge.
Se réfugiant dans des études incessantes parce qu’ils ne savent que faire de leur compétence actuelle, a trente (30) ans, a quarante (40), ils encore chez leurs parents donc toujours jeunes. Par contre, il y en a qui sont déjà adultes à 12 ans. Les enfants de la rue par exemple.
A suivre… !
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Carlevens MINGOT | Étudiant en Sciences de l’éducation
Mail: carlevens.mingot@gmail.com
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