En guise d’Introduction
Avec l’appui des Agences d’aide dont la Banque Mondiale, le Ministère à travers, l’USI ( unité de systèmes d’information) développe des mécanismes pour la mise en place de l’architecture du Système d’Information pour la Gestion de l’Education (SIGE), outil important pour le pilotage stratégique du secteur dont la base de données est pour l’essentiel.
Un SIGE qui doit comporter des indicateurs sur tous les niveaux d’enseignement y compris l’éducation non formelle et des couts et financement, à partir des données de la carte scolaire (collecte régulière). Un Ministère ayant besoin d’une bonne base de données et d’un bon cadre normatif pour l’administration de son système éducatif voire pour la régulation des niveaux d’enseignement aux fins d’atteinte de la scolarisation universelle dans l’optique de l’ODD4 des Nations-Unies, prônant la gratuité et l’obligation d’un enseignement efficace.
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Et de surcroit, une base d’indicateurs sur l’offre scolaire, la qualité de l’enseignement et la pertinence des modules de formation professionnelle aux fins de meilleures allocations de ressource voire de diminution des disparités entre milieux ruraux et milieux urbains. Présentement, l’Etat haïtien a quelques 320,000 enfants (12%) à ramener à l’école et quelques 60% d’enseignants à former sans nier le faible taux d’insertion des diplômés sur le marché de l’emploi (quelques 30%) à augmenter pour une politique de rétention. En clair, pour freiner la fuite des cerveaux.
Un plan d’éducation est sur le point d’être mis en œuvre en dépit d’un contexte de planification marqué par de l’incertitude croissante et qui puisse avoir des incidences négatives non seulement sur la collecte des données scolaires mais aussi sur le prochain recensement général de la population, envisagé par l’IHSI pour le début de l’année 2020-2021, selon M. Guy S. Pompilus, chef de Cabinet du DG Wilson Fièvre. Dans la même veine, la Direction de la Planification, productrice de statistiques scolaires, voulait se partager avec vous l’évolution des données relatives aux écoles, élèves et aux enseignants intéressant au premier chef les trois niveaux d’enseignement selon les prescrits légaux (Décret du 5 juin 1989). Bien avant, quelques généralités sur les statistiques à communiquer.
Généralités sur les statistiques scolaires
Les statistiques, c’est l’affaire de l’Etat. Bonnes statistiques, bonnes prises de décision.
La coopération est venue nous accompagner dans cette quête de bonne gouvernance en matière d’éducation, axe majeur de notre plan d’éducation. Et que la bonne gouvernance comme nouveau paradigme dans l’administration de l’éducation se résume en trois trilogies : le cadre règlementaire, la base de données et le monitoring des programmes, projets du plan d’éducation. Les statistiques vivent de l’enquête et des études ainsi que de l’extrapolation des tendances passées comme méthode.
Pour monter de grandes politiques publiques que ce soit en couverture et participation des enfants à l’école que ce soit en matière de qualité de l’éducation ou de rendement externe voire en renforcement des capacités institutionnelles, les décideurs ont besoin des données valides et opportunes. Au niveau des données, peu importe leur unicité, il y a quand même un degré de pertinence à rechercher. Comme prétendent les planificateurs, trop d’informations tuent l’information. Par caeteri paribus, s’il n’y a pas de bonnes pratiques dont le point d’orgue, c’est une bonne base d’indicateurs, on ne peut arriver ni à l’efficacité ni à l’efficience des programmes-projets s’inscrivant dans le cadre du Plan d’éducation.
En clair, au rendement scolaire dans les établissements voire la performance des apprenants en termes d’acquis de compétence qui leur permettent de gagner leur vie et de contribuer au développement de la cité. Dans la nouvelle approche de la planification de l’éducation, les statisticiens et les planificateurs ne s’intéressent pas seulement aux données quantitatives mais aussi aux données qualitatives pour savoir ce qui se passe à l’intérieur même de l’école en termes d’efficacité interne.
En d’autres termes, la cohorte scolaire qui entrait en 1ère d’année d’études, quel pourcentage atteignant le taux d’achèvement (6e, 9ème et Bac) sans avoir redoublé ou abandonné ? L’école ne doit pas être perçue comme une boite noire ni pour le ministère ni pour les parents d’élève. Et on ne savait pas d’ordinaire ce qui se passait dedans. Sinon, grâce aux évaluations officielles, le Ministère peut avoir une idée de la situation, comme seul instrument de mesure vu l’état lacunaire de l’Inspection scolaire.
Quelles sont les forces et les faiblesses de la collecte ? Pourquoi les collectes ne s’organisent-elles pas de façon régulière ? Pourquoi n’a-t-on pas fait un plaidoyer en faveur d’une ligne budgétaire comme contrepartie haïtienne à d’éventuels appuis des agences d’aide ? Pourquoi les décideurs ne prennent-ils pas en main la filière statistique aux plus hautes sphères de la planification ? Pourquoi n’a-t-on pas non plus un référentiel commun de données et que tous les acteurs se rabattent vers ce protocole ? Comment est la tendance en matière de statistiques scolaires en Haïti depuis le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 ? Nous considérons la date du séisme comme année de base de la résilience de la filière statistique éducative du pays voire la refondation du système d’éducation en Haïti, nonobstant les crises cycliques pour lesquelles un dénouement heureux devant être trouvé.
Évolution des statistiques scolaires de 2010 à 2019 comme l’existant
Suite à la catastrophe de Janvier 2010 qui a profondément touché le secteur éducatif haïtien, les acteurs ont tout de suite compris la nécessité de développer des politiques éducatives visant à réhabiliter les infrastructures scolaires et à augmenter la capacité d’accueil du système en vue de répondre à la demande sociale d’éducation et de favoriser l’augmentation de l’offre scolaire sur le marché du secteur. Aussi, des mesures ont- elles été prises afin d’actualiser les statistiques scolaires et les indicateurs de scolarisation qui doivent être utilisés comme éléments inhérents à la planification descriptive et prospective de l’éducation, afin d’orienter les décisions à l’échelon stratégique en fonction des changements imposés par les aléas du temps et de l’avenir.
En ce sens, une feuille de route a été préparée par le Ministère, conjointement avec les agences d’aide afin d’organiser successivement quatre enquêtes scolaires de 2010 à 2014 pour consolider le système d’information du ministère. De 2010 à 2016, la Direction de la Planification de l’éducation, structure responsable de la production des données, a réalisé 5 enquêtes scolaires et les informations disponibles montrent qu’au cours de cette période, il y a eu une augmentation non négligeable du parc scolaire et un effort de scolarisation considérable (comme le montre le tableau).
Pour estimer les données de 2014-2015 et 2016-2019, on a dû d’abord calculer un taux annuel d’accroissement moyen (TAMA) de 2010 à 2014 pour chaque niveau d’éducation. Ce taux sera ensuite appliqué aux données de l’année antérieure à chaque année pour laquelle on va estimer les données. On corrige le nombre d’écoles estimé avec le taux de fermeture annuelle des écoles et les effectifs des élèves seront corrigés à partir du taux d’abandon annuel des élèves.
Tableau.- Évolution des statistiques scolaires de 2010 à 2019
Année scolaire | Nombre total d’écoles | Nombre d’élèves | ||
Préscolaire | Fondamental | Secondaire | ||
2010-2011 | 16,072 | 544,473 | 2,573,815 | 260,501 |
2011-2012 | 17,114 | 570,376 | 2,748,078 | 270,136 |
2012-2013 | 17,461 | 598,650 | 2,815,245 | 271,810 |
2013-2014 | 17,828 | 617,791 | 2,889,557 | 272,210 |
2014-2015* | 18,455 | 655,826 | 3,036,564 | 296,922 |
2015-2016 | 19,505 | 673,160 | 3,111,837 | 402,257 |
2016-2017* | 20,402 | 702,678 | 3,229,309 | 488,994 |
2017-2018* | 21,340 | 733,491 | 3,351,216 | 594,433 |
2018-2019* | 22,321 | 765,655 | 3,477,725 | 722,608 |
2019-2020* | 23,347 | 799,230 | 3,609,009 | 878,421 |
Données estimées pour les périodes : Enquête 2013-2014 et 2015-2016
TAMA école= 4,5% ; TAMA PRESCOLAIRE= 4.3% ; TAMA Fond=3,8% Sous peu, la rentrée scolaire 2020-2021 en chiffre.
Sources : MENFP/DPCE ;
Yves ROBLIN, Spécialiste en planification de l’éducation