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Vers la scolarisation primaire universelle  avec un cadre de partenariat public-privé.

23 minutes de lecture

s’appuyer sur la loi du 19 novembre 2007 créant  l’Office National de Partenariat en Education (ONAPE) en Haïti

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En élaborant ce texte, je condamne énergiquement  le kidnapping  des employés  du Ministère  de l’Education dont le DG de l’ONAPE, survenu  le dimanche 25 septembre 2022 dans l’aire du Champs de mars (Port-au-Prince) a une semaine de la rentrée  des classes. Et que les Responsables prennent leur responsabilité. Aussi demande-je la libération  de ces valeureux fonctionnaires ayant la vocation  des services publics.

Selon le Plan Décennal d’Education et de Formation (2020-2030), tous les enfants de la tranche d’âge (6-11 ans) doivent avoir une place assise à l’école de façon gratuite et obligatoire. Et d’ailleurs, quels que soient le genre, le handicap et les  couches  sociales de l’apprenant. Cet output est en congruence avec l’ODD4 de la feuille de route, issue du Congrès de New-York de 2015 et la Déclaration d’Incheon en Corée  du Sud de la même  année  sous les auspices de l’UNESCO.

Le droit à l’éducation !

Aussi  ce droit s’inscrit-il  en ligne droite des efforts nationaux pour accroitre l’accès de tous les enfants a  un enseignement primaire de qualité. Ce dernier  est consacré également  dans l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen du 10 Décembre 1948 et de la Constitution haïtienne de 1987 amendée  dans son article 32.1 mettant l’accent sur la gratuité   de l’enseignement primaire  ainsi que d’autres instruments internationaux auxquels a adhéré le Pays  comme la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée  par le  Parlement haïtien  en novembre  1994.

Quid de la Scolarisation  primaire universelle ?

C’est une expression utilisée dans les assises internationales correspondant au cycle primaire où   tous les enfants en âge d’admission  devraient être   à l’école. Toujours est-il  que  cette  stratégie  promeut  la satisfaction de la demande sociale  ou l’augmentation de l’offre scolaire. Le taux net de scolarisation ou la population scolarisée est donc un indicateur plus fiable pour suivre les progrès  vers cet objectif.

Une offre publique   de 25%  face à la demande des parents d’élève !

* Le diagnostic du système éducatif indique  que 25% seulement d’enfants sont scolarisés dans le Public au niveau de l’enseignement primaire ou fondamental  soit 624.105 élèves des écoles  nationales qui sont des heureux bénéficiaires de la gratuité.  Le Ministère de l’éducation compte passer de 25% de  l’année  de base To de la Planification (2020)  à 90% à l’horizon temporel 2030.

Vers  un  meilleur rendement interne !

Quant aux enseignants de l’école de base, le taux  de qualification s’estime  à environ 35%. Nous voulions passer à quelques 70% à  un horizon pas trop lointain. Grace à des mesures compensatoires comme la passation automatique et l’évaluation formative, antidotes aux échecs  scolaires ;  le système éducatif connaitra une meilleure efficacité interne pour ainsi dire la cohorte scolaire entrant en 1ere année  d’études  ne peinera pas pour atteindre le taux d’achèvement comme la dernière classe ou la 6eme année du Fondamental (ancien primaire) et également  considéré   comme taux de survie ou espérance  de vie scolaire. A part la qualification des maitres, les pouvoirs publics doivent  envisager à  doter les écoles  en matériels didactiques et en soins de santé  et nutrition.

Quand l’école est de qualité et que les principes de l’administration scolaire comme la planification pédagogique sont appliques, les élèves  sortent avec des acquis de compétence.

Pas de zones  de non-droit comme rentabilité  de l’éducation

Tenant compte des tensions sociales et de la pauvreté abjecte, la seule planche de salut du pays, c’est d’investir davantage dans l’éducation par un choix judicieux à  faire dans le cadre de l’analyse cout-bénéfice. Pour que plus tard c’est-à-dire dans 10, 15 ans, en raison des politiques publiques de  scolarisation,  nous n’ayons pas comme aujourd’hui  des  zones criminogènes  comme  martissant, village de Dieu (Entrée  Sud de P-au-P)  et une partie de la  croix-des-bouquets. Voire une insécurité grandissante comme fait  social en sociologie  marqué  par des cas de kidnapping et d’assassinat crapuleux.

Les ressources publiques au profit de l’offre scolaire.

Le Trésor Public doit prendre en charge la question de l’accès  des enfants à l’école avec une politique malthusienne visant la réduction des naissances  ainsi que la question de carte scolaire avec son principe cardinal « pas de demande potentielle d’éducation, pas d’implantation d’école » aux fins d’optimisation des ressources allouée. Tout en pensant à des solutions à géométrie variable notamment à  la  délocalisation   des écoles  se trouvant  près  des ravins et des marches publics. Sans nier la promotion d’une école de proximité, point d’orgue de la carte prospective en raison surtout des aléas  et du prix de l’essence.

2% sur la masse salariale au profit de la scolarisation

Les planificateurs de l’éducation doivent cibler  d’autres sources de financement tout en proposant de prélever un quantum de taxes sur l’alcool, la cigarette et le voyage d’agrément. Aussi peut-on  penser à un droit de péage sur les nouvelles routes. Et  sur la masse  salariale de l’administration, 2% est à déduire sur le secteur porteur comme la téléphonie,  les pouvoirs publics peuvent repenser les contrats originels de type léonin au profit de l’éducation.

Les divers  dons de l’accord bi et multilatéral seront mobilisés vers l’autre volet  de la scolarisation universelle qu’est la qualification des maitres. Et que l’Etat maintienne, toutefois,  la même  part dédiée   du budget national vers la qualité de l’enseignement en raison du cadre probabiliste  de l’aide externe.

Equité  dans la subvention des  écoles

 L’Etat doit donner une subvention à tous les établissements accrédités afin d’alléger la bourse des familles. En regard de  l’analyse cout-efficacité,  le Ministère de l’éducation peut s’acheter des  places assises là où  il n’y a pas d’école publique. Hormis  le budget devant  s’augmenter, un cadre de partenariat public-privé  aura à construire  avec l’Office  National de Partenariat en Education (ONAPE)  selon la loi du 19 novembre 2007, publiée  dans  le  Journal officiel « Le Moniteur » sous le Gouvernement Alexis-Préval.

Aussi convient-il de mentionner, dans l’objectif  d’application, la loi de  Janvier 2017 sur les frais scolaires, connue sous l’appellation de « loi du  Sénateur Kelly C. Bastien »  et publiée également  sous le Gouvernement provisoire de Jean Charles- Privert. C’est l’une des revendications  des syndicats d’enseignants voire  de l’Association des Parents d’élève.

La bonne gouvernance

Comme nouveau  paradigme  au même titre que la reddition des comptes,  l’alternance en matière électorale et le respect des libertés  fondamentales ; la  bonne gouvernance en tant qu’élément   de transversalité et de récurrence  regroupant le cadre légal, la base de données et le monitoring, est primordiale pour l’atteinte de grands objectifs en matière  d’éducation. Que ce soit l’accroissement de l’accès des enfants à l’école, que ce soit l’amélioration de la qualité de   l’enseignement et que ce soit le rééquilibrage entre l’offre de formation et la demande du marché  de l’emploi pour parler d’un meilleur rendement externe.

Tout ceci requiert un consensus au niveau des acteurs politiques en vue de mettre fin à cette crise, perçue comme un irritant a toute forme de prospective. En ce sens, que nous ayons  un Exécutif qui exécute tout en respectant le temps constitutionnel et le temps  électoral pour ainsi dire en organisant des élections de façon  régulière, un  Parlement qui parlemente en votant des lois d’intérêt public, un  Judiciaire qui  rend  la justice dans un esprit d’équité, pas d’instrumentalisation  et que nous ayons enfin des Forces de l’ordre qui mettent de l’ordre  dans la ville en traquant les bandits armés  ainsi qu’une Administration qui administre en se démarquant des opérations marginales pour parler de la corruption ayant décrédibilisé les institutions haïtiennes aux yeux de l’Internationale.

Il faut dire en passant qu’à  propos des concussions et des malversations, le poisson est toujours pourri par la tête. Et que parfois, l’eau est tellement sale, même  les  autres  ne veulent pas y vivre. .quelle métaphore !

Des problèmes à résoudre par le Gouvernement.

Dans la même veine, je m’inscris dans la démarche de l’école systémique  en psychologie  de Palo Alto voyant le patient dans toute son intégralité aux fins de palliatifs nécessaires. Et selon le sociologue franco-russe, Georges Gurvitch, l’approche doit être  holistique puisque les phénomènes  sont globaux- totaux.

 Et si on veut développer l’éducation au point de vue quantitatif et qualitatif, il faut s’inspirer non seulement des modèles de systèmes efficaces d’éducation suivant le PISA* comme la Finlande, le Japon, le Canada et la Taiwan. Mais aussi des mécanismes  a développer pour  l’amélioration de la qualité de vie de la population tout en décelant cinq (5) problèmes à résoudre de façon gradualiste savoir : les problèmes de l’insuffisance alimentaire, de logements sociaux, de la gratuité  de l’enseignement, de la  santé  ainsi que celui de la modernisation du transport en commun.

Au final, l’atteinte de la scolarisation primaire   universelle aura des retombées notables sur le plan politique, social et économique du pays. Et en clair,  la réduction  des disparités entre ville-campagne, école confessionnelle-école laïque et pourquoi pas sur l’éradication  de l’analphabétisme  des adultes. Car,  quand  on mobilise des ressources vers la scolarisation des enfants, cela va fermer la vanne qui déverse  des analphabètes.  En regard des programmes-projets du Plan décennal d’éducation, l’Etat central en lien avec les  pouvoirs locaux  doit  augmenter la part du budget national ou celle  du PIB  consacrée   à l’éducation et favoriser un climat stable pour  la croissance économique  et le progrès social.


 *PISA : programme International de l’Evaluation des Acquis. Enquête scolaire du Ministère  de l’éducation  (2015-2016), Projection 19-20.


 Yves ROBLIN,

Diplômé  de l’Institut International de Planification de l’Education de Paris  et de l’Ecole Normale Supérieure de Port-au-Prince

Auteur  de : «  Covid-19 et les outils de planification du système d’éducation en Haïti »

Disponible en Librairie : la Presse Evangélique  et la Pléiade.

roblinyves@yahoo.fr

Author

  • Yves Roblin

    Professeur d’universités | Spécialiste en planification de l’éducation | Ex-boursier de l’État Haitien à l’UNESCO-Paris | Auteur du livre : Les grands axes en matière d’éducation en Haïti | Mail: roblinyves@yahoo.fr

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