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Vers l’implémentation du plan décennal d’éducation ou vingt (20) propositions de la DPCE

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Par: Prof. Yves ROBLIN

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– Laïus :

Aucun ministère de l’éducation ne peut fonctionner sans un plan comme boussole pour modeler l’avenir de son éducation. C’est àpartir de la mise en œuvre du plan qu’on va organiser la collecte de donnée au niveau local (carte scolaire) aux fins d’alimentation de la base du SIGE. Et de surcroit, générer  des indicateurs pour la prise de décision. En ce sens, on doit activer l’implémentation  de ce plan. Toujours est-il que le Ministre de l’Education, le Gouvernement, le Parlement devraient s’approprier  le nouveau Plan National d’Education.

  • Une large concertation au niveau de la communauté éducative pour l’atterrissage de ce plan s’avère tout aussi nécessaire.
  • Un nombre important de programmes, de projets et sous-projets sous forme d’extrants y sont consignés en regard de la mission et des finalités.
  • D’ordinaire, un plan d’éducation de type prospectif comme panoramad’un futur désiré est élaboré à la suite  d’un diagnostic accablant  du secteur-patient où il est question des pathologies décelées et pour lesquelles des palliatifs sont proposés sous forme de grands objectifs à atteindre.
  • lacarte scolaire, le SIGE, la pro- activité, la réactivité  et la prospective pour ne pas dire des modèles de simulation ou scenario ce sont de maitres- mots pour le décollage et l’atterrissage de cet avion (Plan) si on me permet cette métaphore.
  • En ce sens, des structures devant être mises en place : un centre de doc, un bulletin d’information, un portail de l’éducation, un dispositif pour la production, une interface pour la signature de documents et le décaissement de fonds.
  • Des irritants à identifier à l’année de base To du Plan : des syndicats, des conditionnalités des bailleurs,la part du budget allouée et des comportements de fonctionnaire  comme risques internes et externes, des manifestations et des grèves au niveau de l’enseignement public.
  • Tout ceci nous amène à ces propositions pour le double rôle de l’Institution éducative du payssavoir : un rôle de pilotage des Directions Techniques et Départementales de style top down et de bottom-up ainsi qu’un rôle de régulation pour les ordres d’enseignement dont le Fondamental.

– Propositions

  1. Après réaction de différents secteurs relative au Plan Décennal d’Education, un avant-projet de loi de l’éducationdoit être  élaboré et que le Ministère de l’éducation l’achemine à la chambre législative   aux  fins de ratification. A partir du vote de cette loi, on peut envisager de véritables politiques publiques en éducation que ce soit en matière d’accès et que ce soit en matière de qualité.

2. Deux outils à finaliser pour permettre au Ministère de sortir du cadre anomique savoir : la nouvelle loi organique du Ministère de l’éducation et le manuel de procédures des DDE. Dans la mise en œuvre du Plan, chaque entité doit avoir ses attributions. On doit éviter l’empiètement sur les attributions. Encore, « à chacun son métier,les bœufs seront bien gardés ». Et ce vieux proverbe vernaculaire devient par la suite une banalité « kabrit gen anpil mèt mouri nan kòd ».

3. L’activation du projet de construction du Ministère de l’éducation est tout aussi importante pour un cadre de travail agréable et productif aux fins de l’atterrissage du plan. Après le séisme,nous avons trop de sites éparpillés pour des montants faramineux. Peu importe que ce soit les fonds des Agences d’aide comme la BID sur le terrain qui ont été mobilisés pour la finalisation de ces transactions avec des opérateurs privés de la filière immobilière en Haïti.

4. Une carte prospective à envisager à l’année de base T0 (2021-22)du Plan pour suivre le flux des élèves au niveau local et faire le scenario des effectifs scolaires pendant un nombre d’années. Le secteur privé est très fort (80%), on doit penser à des solutions à  géométrie variable. Pour ainsi dire, un cadre de partenariat solide avec ledit secteur est nécessaire pour l’optimisation des ressources. Ici, l’ONAPE (loi du 19 novembre 2007) peut jouer un rôle important.

5. La réhabilitation du comité de pilotage du SIGE (Coopération UNESCO)pour que les responsabilités soient bien définies en matière d’enquête scolaire et de Système d’Information avec des indicateurs valides aux fins d’un pilotage stratégique du Plan National d’Education pour le bonheur des usagers du Secteur. Nous devons en profiter pour créer un cercle vertueux de bonnes pratiques en matière de données fiables et valides pour de meilleures allocations de ressources au niveau des DDE.

6. Un choix judicieux àfaire dans le cadre de l’analyse coût-bénéfice quelle orientation imprimer au Plan d’éducation puisque nous sommes dans la planification stratégique ? Les dernières statistiques révèlent que les pouvoirs publics et les partenaires sur le terrain  ont pu satisfaire la demande sociale des familles particulièrement au niveau de l’enseignement de base au regard du Taux Net de Scolarisation (TNS : 88%). Maintenant, il faut mettre le cap vers la satisfaction des chefs d’entreprise dans la perspective de réduction du taux de chômage et par transitivité de la pauvreté des familles. Ceci s’inscrit dans une démarche de meilleur rendement externe pour répondre aux finalités de l’éducation dont l’aspect socio-économique. Voire l’approche -main d’œuvre ou la méthode de l’emploi qui considère l’éducation comme un bien économique. Et qu’on forme des diplômés pour le marché de l’emploi. Sans vouloir reléguer au second rang l’aspect d’humanité des finalités de l’éducation en termes de vivre -ensemble, de socialisation, de responsabilisation, d’imputabilité et de respect des biens d’autrui.

7. Eu égard au renforcement des capacités institutionnelles, les Directions Départementales d’Education (DDE) doivent régionaliser le plan pour pouvoir suivre l’évolutionde  l’offre et la demande d’éducation ainsi que les cohortes scolaires par la méthode de flux en termes de redoublement et d’abandon. Le Ministère de l’éducation par le biais de la DRH et de la DPCE active le dossier d’implantation du Service de planification et de Technologie. Ce service dans les DDE va faire entre autres  la photo de son département scolaire à chaque rentrée des classes pour orienter les politiques publiques en éducation et de faire le monitoring du calendrier scolaire aux fins de respect du nombre de jours de classe exigé selon les normes internationales (200 jours). Pour Haïti,  c’est 189. Je pense qu’en amont et en aval les syndicats doivent s’impliquer dans le monitoring du calendrier scolaire.

8. Un audit institutionnel est nécessaire pour une meilleure gestion du Plan et pour l’optimisation des ressources allouées. En ce sens, il faut dépister tous les employés dont la formation est en adéquation avec les postes occupés. Et qu’on le recadre à partir d’un travailefficace et efficient du SIGE dans le cadre du projet d’assainissement enclenché par la task force MENFP-OMRH-MEF.

9. Il faut penser aux contreparties de l’Etat haïtien dans les projets financés par les PTFs. Pour trouver des fonds dans le Trésor Public, les planificateurs se doivent d’adopter des stratégies en proposant aux décideurs de prélever un quantum de taxes sur l’alcool, la cigarette, le voyage d’agrément ainsi que sur les routes neuves comme droit de péage. De surcroit, il faut faire appliquer la loi sur le fondNational d’Education (FNE) qui veut qu’on régularise les taxes sur les appels téléphoniques ($ 0.5 US) et les transferts d’argent ($1.5 US) de l’étranger, destinées originellement vers le financement de l’éducation.

10. Dans le pilotage du plan, nous devons nous référeraux feuilles de route de différentes assises internationales dont celle des Objectifs de Développement Durable (ODD) avec leur horizon temporel 2030 qui prévoient l’émergence de nombre de pays en développement comme le nôtre. Sans oublier les lacunes et les avancées de différents plans, programmes et projets d’éducation mis en œuvre en Haïti dans des contextes de planification noyés dans des crises intenables.

11. Peu importe d’un plan à long terme, il faut penser toujours à un cadre logique et un tableau de bord pour pouvoir prendre des décisions qui s’imposent en dépit des crises cycliques, des catastrophes naturelles et desquestions épineuses de la bonne gouvernance. Faut-il bien diminuer les tracasseries et les lourdeurs administratives.

12. Dans les négociations avec les agences d’aide, le Ministre doit inviter les Présidents des commissions de finance des deux chambres ainsi quecelles de la Présidence et de la Primature s’occupant de l’éducation. Pour éviter toute forme de blocage lors du dépôt  des accords de prêt en éducation au Parlement  par le gouvernement (article 276.2). Et un protocole d’accord doit être signé entre le MPCE, le MEF et la BRH pour le décaissement des fonds en provenance des bailleurs de fonds particulièrement sous forme d’appuis budgétaires.

13. Un dispositif mixte (Cabinet-DG) doit être mis en placepour traiter non seulement avec les Agences d’aide sur le terrain mais aussi pour faciliter les rapports avec les Directions Techniques (DT) et les Directions Départementales d’Education (DDE).

14. Pour collecter et traiter les rapports des chefs de projet d’éducation au regard du Plan, le Ministère accompagnela DPCE dans sa restructuration pour le renforcement de  son Service de Suivi et Evaluation.

15. Des structures de communication devant être mises en place : un centre de doc, un portail de l’éducation, un dispositif pour la production, une interface pour la signature de documents et le décaissement de fonds. Voire une entité de veille stratégique pour ainsi dire un conseil national de l’éducation est à envisager.

16. Selon la loi du 19 novembre 2007, l’ONAPE développe des mécanismes pour solidifier le cadre de partenariat public-privé pour une gestionassurée dans le cadre du pilotage du Plan National d’Education. .

17. Dans le Comité Technique de Pilotage de notre Plan national d’éducation, le Directeur de la Panification de l’Education du Ministère y revendique une place de choix (en raison de la production des statistiques scolaires) pour sortir l’Etat de l’amateurisme pour rentrer dans l’ère duprofessionnalisme aux fins d’impact sur la communauté éducative en termes d’éthique et d’équité.

18. Des indicateurs à préparer en perspective àla rentrée scolaire 2020-2021 aux fins de photo du parc scolaire. Voir la rentrée scolaire en chiffres.

19. Une structure nationale de statistiques est à envisager avec l’UNESCO pour réhabiliter la filière statistique de l’éducation en Haïti en regard de l’objectif ODD4 et ceux de la CARICOM. Et un travail conjoint avec l’IHSI est àenvisager en ce qui a trait à  la population scolarisable de 0-5 ans pour le calcul des indicateurs des taux de couverture et de participation (taux d’admission et taux de scolarisation) y compris des enquêtes régulières, élément de la carte scolaire pour alimenter le SIGE/EMIS. En raison de l’implémentation  du SIGE.

20. Des stratégies à adopter afin de mettre en place un secondaire général et un secondaire techniqueen perspective d’une meilleure adéquation formation-emploi. Et des modules à envisager comme ceux de PME, de gestion et d’entrepreneuriat conduisant à  l’auto-emploi  pour l’enseignement technique et professionnel  ainsi que pour l’enseignement supérieur.

 

Yves ROBLIN 

Directeur de la DPCE / MENFP 

Author

  • Yves Roblin

    Professeur d’universités | Spécialiste en planification de l’éducation | Ex-boursier de l’État Haitien à l’UNESCO-Paris | Auteur du livre : Les grands axes en matière d’éducation en Haïti | Mail: roblinyves@yahoo.fr

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