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L’école haïtienne en agonie

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Cela va de soi, la majorité des hommes et femmes politiques de ce pays n’ont jamais favorisé l’éducation dans un sens ou dans un autre. Sinon, pourquoi Haïti se trouve dans ce bourbier stagnant ? Entre nos différents gouvernements et oppositions, il y a toujours eu une piteuse rivalité qui enfonce cette nation dans la galère. Entre cette condition alarmante et critique, l’école est souvent l’illustre perdante. À mentionner, par ici, quel que soit le mécontentement d’un secteur de la vie nationale ; les velléités de protestations visent toujours à fermer les portes des établissements scolaires. Malgré les multiples coups de massues reçus à la nuque par nos hommes et femmes politiques durant les décennies passées, bon gré mal gré, l’école s’était toujours battue pour rester debout. Cependant, ces trois dernières années, ils ont su trouver l’algorithme infernal pour agoniser cette dernière. Comment parviennent-ils à cet acte ? Que reste-t-il encore de l’école haïtienne  ?

L’année scolaire 2018-2019, le début du massacre

Tout a commencé le week-end allant du 6 au 8 juillet 2018, suite à l’annonce de l’augmentation du prix des carburants par le gouvernement haïtien. Le peuple se déferlait dans les rues afin d’exprimer leur mécontentement par des casses, des pillages dont lui seul a le secret. L’opposition politique de son côté voyait une opportunité en or de lancer l’assaut.

En dépit des diverses menaces planées sur la réouverture des classes, les écoles parvenaient à rouvrir leurs portes en septembre 2018. Entre doute et petites perturbations sporadiques, les écoliers reprenaient le chemin de l’école pour recevoir le pain de l’instruction. Cependant, au cours du mois de février 2019 allait survenir la première version pays-lock. Dans ces conditions que l’on a connues, il a fallu un remaniement du calendrier scolaire par le ministère de l’éducation nationale (MENFP). Les élèves ont repris ensuite le chemin des classes pour terminer l’année malgré l’appréhension qui les hantait.

L’année scolaire 2019-2020, l’école est mise à mal par les politiques

Durant l’année scolaire 2019-2020, l’impensable allait se produire, les troubles politiques ont fermé les portes des établissements scolaires pendant trois longs mois. De septembre à novembre 2019, tout a été hermétiquement bloqué dans le pays. Tout cela était l’œuvre de nos cher.e.s hommes et femmes politiques qui, dans un bras de fer, se gonflaient leurs muscles. Les portes de nos écoles allaient rouvrir au cours du mois de décembre. Dans la foulée, un nouveau calendrier avait été donné pour les écoles qui n’avaient pas pu fonctionner, présentant 140 jours de classes contre 6 jours de congé.

L’année 2019 allait terminer. En janvier 2020, les élèves reprenaient le chemin de l’école alors que l’insécurité et les cas d’enlèvement se multipliaient sur le territoire national.

Le coup de main du Covid-19 aux politiques.

Nonobstant une atmosphère de peur et de doute, les élèves s’escrimaient à être présents en salle de classe de janvier jusqu’au 19 mars 2020. Nos hommes et femmes politiques allaient avoir un allié sûr qui ne manquerait pas d’achever la salle besogne pour eux. Dans le souci d’arrêter la propagation du coronavirus à l’annonce de la découverte du premier cas, l’état d’urgence sanitaire était décrété par le gouvernement le jeudi 19 mars 2020 dans tout le pays. Une fois de plus, l’école allait fermer ses portes jusqu’au mois d’août 2020. Entre-temps, la menace du Covid-19 s’amenuisait, mais celles émanant des politiques pour bloquer l’école à nouveau s’intensifiaient. Même si le Covid-19 nous a ravi 5 mois, néanmoins, le coup fatal avait été déjà porté par nos hommes et femmes politiques. Il ne faut pas surtout passer au bleu ceci : le virus n’était qu’au mauvais endroit et au mauvais moment. En agonie, l’école haïtienne meurt par petit feu à cause des agissements de nos politiques.

L’école haïtienne meurt à petit feu à cause des agissements de nos politiques ?

Aujourd’hui pour parler de l’école ou encore de l’éducation, il y a un ensemble paramètres, de concepts qui entrent en jeu. Par exemple, de nos jours, on parle de l’école inclusive, accessibilité universelle, éducation de qualité, etc. Je ne trouve pas que nos politiciens aident à résoudre le problème de l’accès dans le système éducatif. La lutte incessante pour le pouvoir de laquelle résulte le pays-lock ne la favorise pas. Elle ne privilégie pas non plus l’éducation de qualité. Les batailles politiciennes en Haïti ne font que détruire l’école. Ces derniers temps, des élèves et étudiants sont assassinés, d’autres sont enlevés. Des professeurs donnent leurs cours dans la peur. Il y a des zones où fréquenter l’école est quasiment impossible. Bref, toutes ces choses arrivent à cause de nos politiciens. Éduquer des enfants dans un climat comme celui-ci alors que nous sommes au 21ème siècle insinue que l’école haïtienne est en agonie.

L’année scolaire 2020-2021, les regards vers un horizon sombre

Tous les haïtiens ont les yeux, désormais, rivés sur le mois de février. Un mois avec une date fatidique. Les plus curieux s’interrogent sur ce qu’adviendra au pays. Face aux campagnes de déstabilisation lancées sur les réseaux sociaux, et l’insécurité galopante qui sévissent dans le pays ; l’école, vraisemblablement, sera mise à mal une énième fois. Toutefois, une interrogation demeure : pour combien de temps, l’école haïtienne restera-t-elle en agonie ?

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Author

  • Kemberly Perissien

    Rédacteur à Omniscient Info. Passionné de l'Enseignement et du journalisme utile. Etudiant en Sciences de l'éducation Mail: kemberly.perissien@omniscientinfo.com

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